Découvertes Adulte

Survivre dans le paroxysme de l’horreur – La route de Cormac McCarthy

Un monde anéanti

Dans un monde recouvert par la cendre, un homme et un enfant errent sur la route. Leur but, s’éloigner le plus possible des montagnes et du froid, pour atteindre la mer, au sud. Mais sur la route, de nombreux dangers les guettent et toute trace d’humanité a disparue.

Adieu humanité

C’est une collègue qui m’a conseillé ce roman, que j’ai eu la chance de trouver dans la boite à livre de ma bibliothèque. Il représente le type de roman que j’aime lire en ce moment ! Les premières pages m’ont clairement décontenancé. Ce roman post-apocalyptique pose la question : comment survivre quand l’humanité (dans la sens de la manière d’être et en tant qu’espèce) a disparu ?

La plume est parfois très belle, avec de belle métaphores et vocabulaire précis mais j’ai été extrêmement désamorcé par certaines tournures de phrase comme l’usage excessif du « et » et des répétitions. Ce choix créé un rythme particulier mais est dérangeant pour la lecture. Les premiers chapitres ont été douloureux pour moi, mais l’histoire et assez prenante pour nous faire oublier ces détails stylistiques. Ce style assez déroutant m’a beaucoup étonné car ce roman a reçu le prix Poulizer en 2007.

Humains-monstres et cadavre

Dans ce monde, les animaux ont également disparu et les espaces sont recouverts par la cendre. Les hommes vivent avec des masques, leurs pas laissent des traces de pied noircies. L’eau est noires. Les arbres sont soit brûlés, soit mort étouffés par la cendre. Le roman pose une atmosphère extrêmement lugubre avec une hypothèse très sombre de fin du monde. Contrairement à d’autres roman post-apocalyptique que j’ai pu découvrir où la nature, les végétaux et les animaux ont repris leur droit, l’auteur traite ici d’un univers qui a presque totalement disparu et dont les seuls restes sont les friches humaines.

Une atmosphère glaçante, suffocante, horrifique

Cette omniprésence du gris fait écho aux émotions de nos personnages et aux autres êtres humains qu’ils rencontrent lors de leur périple. L’homme et l’enfant errent sur la route, autoroute dévastée, entre humain et bête dont le seul but et de trouver à manger. Au fil de la route ils vont explorer dans maisons, des villes, en cherchant le moindre objet utile à leur survie. Il ne reste presque plus rien, ce qu’ils trouvent ne sont que des miettes laissées par d’autres personnes passées précédemment.

Nos personnage sont également confrontés au froid, un froid qui les glaces jusqu’aux os. L’auteur trouve les mots extrêmement juste pour poser une atmosphère glaçante, suffocante, prenante, horrifique. Il décrit, à travers des scènes atroces, le paroxysme de l’horreur que nos deux personnages sur la route. Les seuls humains rencontraient sont les cadavres et reliquats d’une ancienne vie que nous conte, par petite touche l’homme quant il parle à son enfant.

Il ne lui laisse aucune illusions. Contrairement à d’autres romans du genre, l’homme et l’enfant ne porte en eux aucun espoir. Aller plus loin n’est pas espérer retrouver l’humanité mais juste vivre un jour de plus. L’humanité qu’ils croisent sur la route est loin d’être bienveillante et accueillante. Les humains que rencontrant l’homme et l’enfant sont tous les ennemies, qu’ils souhaitent leur voler leur bien ou les dévorer.

Des personnages déshumanisés

Le lecteur n’est pas amené à s’identifier aux personnages. Déshumanisés, ils ne portent pas de nom, n’ont pas d’identité propre. Les seuls éléments que l’auteur nous donne à voir sont des scènes de survie et quelques brides du passé de l’homme qu’il conte à l’enfant. Seule once de positivité, l’amour que porte l’homme à l’enfant et qui le pousse parfois à prendre des risques.

Le roman en bref

Malgré un style déroutant, à cause notamment de la répétition du « et », ce roman reste prenant et addictif. Nous suivons la fuite de l’homme et l’enfant à travers des paysages décimés par la cendre. L’humanité restante est devenue cannibale et montreuse. Plus aucun espoir, pour le lecteur, comme pour les personnages. L’auteur nous dresse ici un portrait sans détour d’une humanité détruite et vouée à l’extinction totale.

La route
Cormac McCarthy
Editions de Noyelles, 2008

Ma note : ★★★☆☆

Vous cherchez un autre roman post-apocalyptique ? Vous aimerez aussi The rain de Virginia Bergins.
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Pause jeunesse

Quand les animaux se rebellent : L’éveil, Stade 1 – Jean-Baptiste Panafieu

L'éveil, stade 1 photo de la couverture

Alors que Laura travaille dans son laboratoire, une souris sur laquelle elle fait des expériences s’échappe. Elle n’est jamais sortie, ne connait pas le monde extérieur. Elle se fait donc vitre rattraper par la réalité, tuée par un chat qui veut jouer avec elle, manger par une corneille puis par un chien. Malheureusement, cette souris était un peu particulière. Laura travaillait en effet sur un virus rendant plus intelligents les animaux. Par la force de la chaîne alimentaire, ce virus se propage très vite au quartier, au pays…

Un roman de science fiction autour du rapport homme-animal

En ce moment, j’ai envie de renouer avec le fantastique et la science fiction. Comme j’avais lu de très bonnes critiques sur L’éveil, j’ai décidé de commencer par ce titre, très court de surcroît. Son sujet est par ailleurs très intéressant et extrêmement actuel puisqu’il nous amène à parler du rapport entre les hommes et les animaux et également de la question du bien être animal.

C’est un roman engagé. Jean-Baptiste Panafieu est d’ailleurs très imprégner de cette thématique, qu’il développe assez régulièrement dans ses romans.

Un roman inspiré d’une série ou l’inverse…

En découvrant le pitch de ce roman j’ai tout de suite pensé à la série Zoo que j’avais découverte il y a quelques années. Peut-être est elle inspiré de ce roman, ou l’inverse, puisqu’on y retrouve beaucoup de similitudes quant au postulat de base : un virus qui en se propageant, inverse le rapport de force entre les hommes et les animaux. Pour autant, le développement de la série ne prend pas le même chemin de départ que le roman. S’il développe les rapports entre hommes et animaux, la série, quant à elle nous parle de domination animale. Le roman questionne donc plus notre rapport au monde animal en nous montrant la richesse de ses échanges, là où la série voit cette montée en puissance comme un danger.

Des animaux plus humains que jamais !

Ce roman nous vente l’égalité entre hommes et animaux puisque le groupe de héros dont fait partie le frère de Laura, est également composé d’une étudiante surdouée en robotique, qui va fabriquer des boîtiers pour communiquer avec ses animaux de compagnie. Nous assistons donc à une humanisation des animaux, qui deviennent des héros à part entière de l’histoire.

Le questionnement de notre rapport aux animaux mais aussi de la maltraitance sont au cœur de ce récit. Si l’épidémie commence par les rats, les souris, les oiseaux sauvages et les animaux domestiques, des catégories « privilégiées » dans les rapports hommes-animaux, elle va finir par s’étendre aux animaux d’élevage. Cette situation soulève alors des questions sur notre alimentation et les conditions de vie et d’élevage des animaux. Pourrions-nous encore consommer de la viande, de la peau, de la fourrure si les animaux sont aussi conscients et développés que nous ?

Un anti page-turner

Je cherchait un roman plein de rebondissement, un page turner et malgré l’intérêt que je porte au sujet, je n’ai pas réussi à rentrer dans l’histoire, principalement à cause de son rythme. D’autant plus que le récit avait quelques longueurs. Je trouve par ailleurs que ce roman a vraiment lieu d’être dans le paysage de la littérature adolescente puisqu’il développe une thématique centrale pour le monde de demain.

Ce roman alterne entre l’histoire globale, à travers les yeux de nos différents protagonistes, humains comme animaux et l’éveil des différents animaux au fur et à mesure de la contamination. Les personnage principaux sont multiples. Je n’ai donc pas réussit à véritablement m’attacher à eux. Le roman étant également très court, nous avons très peu de temps pour les découvrir individuellement. La psychologie des personnages n’est donc pas vraiment développée ce qui fait que les possibles histoires d’amour entre les personnages ne nous intrigues pas forcément…

Le roman en bref

L’éveil développe une thématique très intéressante : il nous parle de rapport homme-animaux. Très bien documenté, il traite donc d’un sujet d’actualité avec brio. Les personnages sont cependant très peu développés, ce qui contrastes avec le fort développement du contexte scientifique. Un roman bien construit, qui me laisse donc sur ma fin…

L’éveil : stade 1
Jean-Baptiste Panafieu
Gulf Stream, 2017

Ma note : ★★★☆☆

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