Livres brulés et critique sociale : Fahrenheit 451 – Ray Bradebery

Des livres et des lecteurs criminels
Dans la société futuriste où vit Guy Montag, les livres sont interdits. Symboles de culture, de connaissance, ils sont brulés par les pompiers, recyclés après l’ignifugation des maisons. Guy est pompier, un métier qu’il aime pour son importance sociale. Sa rencontre avec Clarisse va tout bouleverser…
Un vétéran de ma wish list
Ce titre traine dans ma Wish list depuis plus de 5 ans. Après avoir suivi un mooc sur la littérature fantasy sur la plateforme fun, j’ai eu envie de me replonger dans des univers SFFF. Après Les anales du disque monde de Terry Pratchet, j’ai donc décidé de m’attaquer à ce monument.
Fahrenheit 451 est un classique de la littérature de science-fiction. Le titre met tout de suite dans l’ambiance : Fahrenheit 451 c’est la température à laquelle brule un livre. C’est un texte politique, engagé, qui dénonce les déviances de notre siècle. S’il a été écrit en 1953 aux États-Unis, il est encore d’une criante actualité.
Une plume poétique et puissante
La plume de Ray Bradebery est sublime. Les descriptions sont d’une grande précision, très poétiques avec toujours de belles images originales. Il explore les longues phrases, assez lyriques, ce qui nous plonge dans une immense rêverie, celle du personnage principal.
Une critique sociale
Ce texte est un message puissant, une critique acerbe de la société, qui remet en perspective notre consommation et notamment celle des écrans. Tout au long de ce roman, nous découvrons une société hypnotisée par les écrans. Ce n’est plus seulement la télévision, les écrans sont partout. Ils ont remplacés les murs du salon. Chaque individu vit dans une immense illusion, dans laquelle il retrouve des publicités, des programmes flash de fiction ou encore des images de sa famille.
Totalement contrôlés par la société de consommation, les citoyens possèdent une oreillette, qui toute la journée, crache des publicités. Constamment noyés, les individus ont perdus le sens de la rêverie. Rêver c’est être inutile, être un ennemie de la société. Il fallait donc également bannir toute réflexion. Ainsi, la société a décidée de bruler les livres, symboles de savoir mais aussi de découvertes de nouvelles expériences et de prise de recul face au quotidien.
Seul l’aspect « divertissement » du livre a été conservé, à travers d’autres médias. Il faut maintenant consommer de plus en plus de divertissements via des programmes extrêmement courts et condensés qui n’ont plus aucuns sens. Les individus sont contrôlés par leur pulsion, qui leur dicte des actes criminels, immoraux et allant à l’encontre de leur besoin profond.
Le récit s’ouvre par des scènes de violence, une violence complètement banalisée dans cette société qui règle le mal-être des gens, en l’aspirant hors de leur corps.
Un personnage en marge, complexe et torturé
Nous suivons Gus, un pompier, qui nous présente son métier. Grâce à un robot capable de retenir les odeurs de chaque individu, il part à la recherche des criminels, ceux qui possèdent des livres et des bibliothèques. Il les traque et brule leur maison pour faire disparaitre toutes traces.
Gus est un personnage torturé, complexe et fascinant. Il est en marge de la société. Progressivement, il va se mettre à questionner son monde, en cherchant des réponses au mal-être de sa femme. Dans un monde où chaque individu n’a le droit qu’à être heureux, il va constater son propre malheur. Il se détache de plus en plus des valeurs qui l’entourent, prisonnier de cette société qui ne lui convient pas. Nous suivons sont cheminement interne, ses rencontres, qui font grandir son intuition interne, et sa passion naissante pour les livres, jusqu’au point de rupture.
Le roman en bref
Dans un monde futuriste où l’autodafé est la justice et les livres des criminels, Ray Bradebery dénonce les maux qui rongent notre société : consommation à outrance, absence de réflexion et de prise de recul, divertissement avant tout, surinformation et sur-publicité… Un texte amené par une plume magnifique, précise et très poétique, d’utilité publique !
Fahrenheit 451
Ray Bradebery
Denoël, 1955
Ma note : ★★★★★
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