Pause jeunesse

Le combat de 9 étudiants contre la ségrégation : Sweet sixteen – Annelise Heurtier

9 étudiants noires envers et contre tous

1958. Dans l’Arkansas un des plus prestigieux lycée ouvre ses portes pour la première fois à des étudiants Noirs. 9 étudiants qui vont devoir se battre pour garder leur place dans ce lycée… Molly est l’une d’entre eux, plongée malgré elle dans une violence extrême…

Une décision majeure dans la lutte pour l’égalité

En mai 1954, la Cour Suprême des Etats-Unis rend inconstitutionnelles la ségrégation raciale dans les écoles publiques. Tous les établissements jusqu’alors réservés aux Blancs doivent maintenant ouvrir leurs enseignements aux Noirs. Dans les états du Sud profondément ségrégationnistes, cette décision est plus que contestée. Malgré tout, l’Etat tient bon et le prestigieux et renommé Lycée Central de Little Rock dans l’Arkansas est forcé d’accueillir 9 étudiants Noirs : Ernest Green, Elizabeth Eckford, Jefferson Thomas, Terrence Roberts, Carlotta Walls, Minnijean Brown, Gloria Ray, Thelma Mothershed et Melba Pattillo. Ce roman retrace l’histoire romancée de l’une d’entre eux, Melba Patillo.

Je vous avais parlé de ce roman dans ma petite sélection autour de #blacklivesmatter mais je n’avais encore pas eu l’occasion de me plonger entre ses lignes. Il m’a causé un véritable choc. Il fait pour moi parti des textes indispensables que chacun devrait lire au moins une fois.

Une réalité historique glaçante, violente

La violence imprègne la moindre des pages de ce roman. Ce n’est pas une violence visible, sanglante comme celle des romans policier ou des romans d’horreur. Celle-ci est plus sournoise, sombre. J’ai été heurté par des scènes que j’ai pu découvrir. Ce texte est glaçant et il m’a mis extrêmement mal à l’aise car il ne nous décrit pas un monde imaginaire, mais une réalité historique.

Si j’avais connaissance des horreurs perpétrées sur la population Noire aux États-Unis pendant la ségrégation, j’ai eu ici l’occasion de m’immerger dans la peau d’une jeune fille Noire. Insultes, humiliations, menaces, isolation, nous sommes témoin d’une haine à l’état pure et sans fondements. Nous constatons avec effarement les clichés véhiculés, servant d’excuses ridicules pour rejeter l’intégration de ces 9 étudiants. Tout cela est amené avec justesse est sensibilité par la très belle plume d’Annelise Heurtier.

Deux filles, deux ambiances

Ce roman est d’autant plus intéressant qu’il nous permet de connaitre plusieurs points de vue sur la situations. Les chapitres alternent en effet entre le point de vue interne de Grace, une jeune bourgeoise blanche venant d’une famille conservatrice et celui de Molly, une des 9 jeunes étudiants noires. Molly et Grace sont dans la même classe, ont des rêves de vie similaires mais vivent dans deux univers diamétralement opposés.

Grace Anderson est une jeune bourgeoise insouciante. Blanche, aisée, elle rencontre les préoccupations de toutes les jeunes filles de son âge : la mode, le garçons, les copines… Sa famille, comme celles de tous ses amis est très conservatrice et ségrégationniste. C’est à travers son regard que nous allons suivre les expéditions punitives menées contre les 9 élèves et les manifestations de parents mécontents. Cependant, au fil du récit se dessine également un espoir, celui d’une jeune fille remettant en question les réflexions de son entourage.

En décidant d’intégrer un lycée différent de ses camarades de quartier, Molly Costello est tiraillée entre une communauté blanche qui lui voue une haine farouche et une communautés noire qui, en plus de ne pas la soutenir, la traite d’inconsciente et de créatrice de problèmes. Malgré le cauchemar dans lequel elle est entraîné, Molly est courageuse, pugnace et surtout pleine d’espoir. Ce personnage est librement inspiré de Melba Patillo, une des véritables héroïnes de l’histoire américaine.

Le roman en bref

A travers les points de vue de Grace, une jeune bourgeoise Blanche venant d’une famille conservatrice et de Molly, une jeune fille Noire, Annelise Heurtier nous dépeint une Amérique profondément raciste et ségrégationniste. Une histoire vraie retraçant la lutte des 9 premiers étudiants à intégrer une école publique jusqu’alors réservée aux blancs. Un roman profondément heurtant, violent mais plus que nécessaire et actuel.

Sweet Sixteen
Annelise Heurtier
Casterman, 2014

Ma note : ★★★★★

Vous cherchez un autre titre autour du racisme ? Découvrez La jeune fille et le soldat d’Aline Sax. D’autres idées en lien avec ce roman ? N’hésitez pas à les partager en commentaire !

Découvertes Adulte

Les couilles sur la table – Victoire Touaillon

Détruire les structures

« Je crois que le féminisme n’est pas une guerre contre les hommes, mais une lutte contre ces structures qui permettent à la domination masculine de perdurer. Et donc contre ce qui, dans la construction de la masculinité (première partie) en fait un privilège (deuxième partie), une exploitation (troisième partie), une violence (quatrième partie)… Il n’y a aucune fatalité ; ce sont des questions structurelles, et les structures, on peut les défaire ou les esquiver (cinquième partie) »

Un podcast en essai

Aujourd’hui je vous parle d’une lecture que j’ai incluse après coup dans ma PAL du pumking automne challenge dans la catégorie « féminisme » puisqu’il s’agit d’un essai écrit par la journaliste Victoire Touaillon, qui anime depuis quelques années un podcast éponyme pour Binge audio sur les masculinités. Ce livre a par ailleurs obtenu le prix de l’Essai Féministe Causette. Cet essai revient sur les notions déjà abordées dans les podcasts et ajoute des inédits.

Le livre est séquencé en plusieurs thématiques, toujours construites de la même manière. Le sujet est tout d’abord développé dans différentes sous-parties. Vient ensuite s’ajouter la retranscription d’un de ses podcasts, témoignages et récits de chercheurs.

Un état des recherche sur la masculinité

Très bonne porte d’entrée autour des questions féministes, cet essai fait un sorte d’état des lieux de la question de la masculinité dans la société, sans rentrer dans les détails précis de chaque point abordés. Si vous souhaitez développer certains aspects abordés, des références incluses au fil du texte et une bibliographie à la fin du livre. Cette bibliographie est très riche en type de formats puisqu’elle présente des podcast, des lectures des documentaires…

Pour mener sa réflexion, Victoire Touaillon s’appuie sur des textes de chercheurs qu’il soient philosophes, sociologue, médecins… Elle nous partage également son expérience personnelle. Le dernier chapitre du livre présente des solutions concrètes pour lutter contre les normes imposées par la société patriarcale et tendre vers toujours plus d’égalité de genre.

Une mise en page soignée et attrayante

En plus d’être très intéressant, cet essai est très joliment présenté. La mise en page est très originale pour un essai, colorée et aérée. L’alternance de pages pleines et de colonnes donne du rythme et les illustrations un coup de frai. Cela rend la lecture d’autant plus agréable et facile.

Le texte en bref

Très joliment mis en page et très bien documenté, cet essai fait un état des lieux des réflexions autour de la masculinité. Divisé en 5 thématiques, il reprend les points principaux tout en nous guidant vers un approfondissement des sujets qui nous intéresse le plus. Un livre éponyme au podcast, superbe outil pour commencer à s’intéresser aux questions de féminisme et de masculinité.

Les couilles sur la table
Victoire Tuaillon
Binge Audio, 2019

Ma note : ★★★★★

Vous cherchez d’autres ouvrages féministes ? Lisez King kong théorie de Virginie Despentes, un des ouvrages chouchous de Victoire Tuaillon.
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Pause jeunesse

Tenir debout dans la nuit – Eric Pessan

Un voyage de rêve

Lalie rêve de voyage. Lorsque Piotr lui propose de partir à New York avec lui, elle saute donc sur l’occasion. L’expérience va malheureusement vite devenir cauchemardesque…

Un roman de ma wish list

Je vous avais parlé de ce roman dans ma wish list de mars et j’attendais impatiemment son arrivée dans ma bibliothèque. Quand j’ai enfin mis la main dessus, je l’ai littéralement dévoré ! Il faut dire que ce texte très court est addictif et percutant.

Consentement et violence sexistes

Ce roman aborde un sujet d’actualité, faisant échos au combat de « metoo » ou « balance ton porc » puisqu’il nous parle de harcèlement sexuel et de consentement. Sidération, impuissance, colère, rébellion, peur, déceptions, nous suivons notre héroïne à travers une palette d’émotions, la palette post-traumatique. Les éléments décrits sont très violents, impactant. Pris dans le point de vue interne de Lalie, nous sommes nous-même traversés par la colère, choqués par la violence.

Ce roman est très réaliste, très juste, bouleversant. Nous connaissons tous une amie victime de violence sexistes ou sexuelles. Ce roman est un appel à la rébellion, un appel au « stop » au « non ».

Quand les inégalités sociales s’en mêlent

Au là du sujet du consentement, ce récit nous donne également à voir les inégalités sociales et les difficultés que peuvent affronter les familles monoparentales. Piotr est un enfant privilégié, il vit seul avec sa mère, une business woman gagnant bien sa vie. A l’inverse, la mère de Lalie gagne un tout petit salaire. Cette dernière doit donc travailler pour mettre de l’argent de côté et subvenir à ses besoins. L’opportunité de voyage que lui offre Piotr est donc une véritable aubaine pour notre héroïne, qui n’a jamais eu la chance de voyager. Mais, cette différence sociale est, sans que Lalie en ai conscience, la première pierre de l’édifice de domination que va tenter de construire Piotr autour d’elle…

La déambulation de Lalie seule dans New York met également en lumière les inégalités sociales présentes dans la ville de New-York. Loin des strass et des paillettes que notre imaginaire aime fantasmer, les rencontres nocturnes de Lalie et son œil de photographe sont sans-cesse attirés par la douleur, la pauvreté, la misère sociale, ce que nous oublions, ce que nous faisons semblant de ne pas voir.

Le courage face à la violence

Piotr est malheureusement le miroir de comportements masculins malsains. Dominant, prêt à tout pour répondre à ses désirs, insistant et violent. Il n’a aucune considération pour les sentiments de Lalie. Il confond comme certains, le « non » par le « peut-être ». Face à Lalie, il se sent supérieur, il sent qu’il a le pouvoir, financier mais aussi physique. Un pouvoir qu’il est prêt à utiliser pour arriver à ses fins..

Lalie pourrait être notre mère, notre sœur, notre cousine, n’importe qu’elle femme de notre entourage. Passionnée de photographie, elle nous partage son regard naïf sur la ville de New-York, sa beauté comme sa laideur. Elle est courageuse, téméraire. Elle n’a pas peur de s’affirmer, d’exposer son point de vu, même face à une figure d’autorité comme la mère de Piotr. Nos deux personnages sont les deux face d’une pièce, le ying et le yang.

Le roman en bref

A l’aide d’une plume puissante et percutante, ce roman nous parle de problématiques rencontrés par presque toutes les femmes dans notre société patriarcale : le harcèlement sexuel, les violences et le consentement. Il nous dresse également un portrait de New-York loin des strass et des paillettes. Un roman fort, actuel et nécessaire, qui ne vous laissera pas indifférent !

Tenir debout dans la nuit
Éric Pessan
L’École des loisirs, 2020

Ma note : ★★★★★

Vous cherchez d’autres ouvrages autour du consentement ? Découvrez Les monologues du vagin d’Eve Ensler.
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Découvertes Adulte

Des familles déliées, des destins liés : Les loyautés – Delphine de Vigan

Des personnages en proie à leur démon

Hélène, une jeune professeur de collèges violentée lors de son enfance s’inquiète pour l’un de ses élèves, Théo. De plus en plus sombre ce dernier joue à un jeu dangereux en entraînant son meilleur ami Mathis. Il faut dire que Théo vit une situation familiale difficile depuis le divorce de ses parents. Chez Mathis, la crise familial est souterraine, sa mère Cécile voit peut à peu sa vie parfaite se disloquer…

Une lecture commune forte en émotions

J’ai découverte ce roman dans le cadre d’un lecture commune avec @mlle_cailloux_bookine. Nous cherchions un roman en commun pour le confinement et il s’avère que nous venions toutes deux de l’acheter ! Ce n’est pas le premier roman de Delphine de Vigan que je lis, je vous avez d’ailleurs déjà parlé de mon coup de cœur pour Les heures souterraines. C’est donc avec grand plaisir que je me suis lancée dans ce nouveau texte.

S’il m’a moins emballé que ma précédente lecture, il reste fort et comme toujours, plein de justesse. Il nous laisse le cœur tambourinaire, la gorge noué…

Violences invisibles, liens souterrains

Des violences invisibles, des rancœurs, un mal-être, chaque personnage expose ses failles sans détour. Comme toujours, Delphine de Vigan dépeint l’humanité dans toute sa complexité. Chaque personnage que nous rencontrons porte en lui une souffrance profonde, un boulet souterrain, non-dit, qu’il traîne dans son existence. Ce boulet est ce qui les lient tous, ce qui crée leur destin commun.

Loin d’être anodines, les problématiques personnelles de chacun des protagonistes sont criantes d’actualité. Le divorce, dans un premier temps, qui frappe de nombreuses de famille, disloque les liens tissés en mettant en premières lignes les enfants. La dépression, mal de notre société moderne, qui engloutie de nombreux individus. La rancœur, dans laquelle il est facile de cacher, le déni ou encore le besoin d’héroïsme caché en chacun de nous… Les visions sont ici noires, même si Delphine de Vigan laisse planer tout au long de son texte, une lueur d’espoir, petite étincelle.

Des personnages complexe et juste

Les chapitres s’enchaînent, alternances courtes de point de vue titrés comme des appels à confidence. Nous rencontrons des personnages profondément humains et riches. La première, Hélène, la principale protagoniste de ce récit. Professeure dans un collège, elle traîne les vestiges d’un passé violent où enfance rime avec maltraitance. Elle est la professeure principale de Théo, un jeune garçon qui l’inquiète beaucoup car elle le croit lui aussi victime. Second personnage présenté, Théo est un enfant meurtri par le divorce de ses parents, tiraillé entre un père dépressif et une mère pleine de rancœur.

Autour de ces deux personnages principaux gravitent Mathis, le meilleur ami de Théo, entraîné malgré lui dans les tréfonds du mal-être de son ami et Cécile, sa mère, névrosée, dépassé par une vie quotidienne qu’elle ne supporte plus.

Le roman en bref

A travers sa plume vibrante, Delphine de Vigan nous présente des personnages humaines qui exposent leur failles. Un roman juste, sensible sur les violences invisibles, les rancœurs, les mal-être et passifs qui nous lient.

Les loyautés
Delphine de Vigan
Le livre de poche, 2019

Ma note : ★★★★☆

Vous cherchez un autre roman avec des personnages malmenés par la vie ? Vous aimerez aussi Repose-toi sur moi de Serge Joncour.
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Découvertes Adulte

Survivre dans une famille toxique : La vraie vie – Adeline Dieudonné

La vraie vie d'Adeline Dieudonné

Vaincre la hyène

Gilles était le rayon de soleil dans la vie de notre héroïne, jusqu’au jour où tout a basculait… Le jour où, Gilles, traumatisé par la violence est devenu un zombie. Le jour où la hyène est entrée dans le cœur de son petit frère. Dorénavant, elle se battra pour lui. Elle  essayera de revenir en arrière et d’effacer ce jour fatidique, où le vendeur de glaces est mort devant ses yeux. Mais parviendra–t-elle à détruire la hyène ou sera-t-elle, elle aussi, entraînée dans cette spirale de violence et de mort ?

Tout pour me plaire

J’ai découvert ce roman dans le train, je l’ai écouté le mois dernier. Comme vous avez peut-être déjà eu l’occasion de le remarquer, je lis beaucoup de littérature contemporaine et j’aime énormément les textes très sombres. Ainsi, je ne pouvais pas passez à côté de ce roman, qui avait in-situ tout pour me plaire.

Ce roman, premier texte de cette autrice, a par ailleurs été salué par la presse et a reçu le prix Fnac et le Renaudo des lycéens en 2018 et on comprend pourquoi ! L’écriture sublime et cinglante de l’autrice nous entraîne dans un texte glaçant, dans lequel le silence nous emprisonne dans une bulle de frayeur.

Le récit brutal d’une enfance volée

Dès le début, le ton est donné, Adeline Dieudonné ne fera pas dans la dentelle « A la maison, il y avait quatre chambres. La mienne, celle de mon petit frère Gilles, celle de mes parents, et celle des cadavres ». Une phase d’accroche glaçante, comme la suite du récit, raconté par une jeune fille à l’innocence volée. Elle évolue en effet dans une famille complètement destructrice. Son horreur est personnifié par son père, un homme brutal, caractériel, qui détruit tous ce qu’il touche, en commençant par la mère de notre héroïne. Il voue également une passion pour la chasse, une activité qui lui permet de montrer sa bestialité. Il collectionne par ailleurs ses trophées de chasse dans une pièce des plus glaçante.

Cette pièce est l’allégorie de la peur intérieur de notre héroïne. Quand deviendra-t-elle à son tour la proie, le trophées de son père. Par ailleurs, il se comporte déjà comme si elle était son trophée, l’étouffant, comme il étouffe sa mère, au fur et à mesure que son frère Gilles se révèle à ses yeux. C’est dans cet environnement hostile que notre héroïne évolue, telle une magnifique fleur cachée dans une crevasse. Si elle ne se révèle pas au monde, c’est pour mieux se protéger des intempéries de son père. Lui ne voit que sa médiocrité, ce qui le rassure dans sa virilité.

La mère de notre héroïne est complètement soumise à son mari. Battue, manipulée, elle se terre dans son monde intérieur pour ne plus subir sa réalité insupportable. Seuls ses animaux, dont elle s’occupe avec un amour plus que maternel, lui permettent de se réveiller. Elle n’est d’aucun soutient à ses enfants. Dans le roman, elle sonne comme un garde fou pour notre héroïne. Elle sait ce qui l’attend si son père découvre la vérité.

Un personnage principal pugnace et courageux

Elle, puisqu’elle ne porte pas de nom, est brillante. Dans tous les sens du terme. Brillante, car elle est surdouée en physique, tant et si bien qu’elle prend des cours particuliers pour continuer à apprendre dans ce domaine. Son intelligence la rend également très astucieuse et elle arrive à passer outre la surveillance de son père.

Elle est aussi brillante par sa mentalité. Elle symbolise l’espoir de toute sa famille, l’incorruptible lumière. Elle est toujours positive malgré les horreurs qu’elle vit et pleine de courage. Au fil du récit, nous la voyons évoluer, s’émanciper et commencer à penser par elle même et pour elle. Si son frère se vide de plus en plus et deviens l’égal de son père, elle est par contre à l’antipode de sa mère.

Le roman en bref

Avec sa plume juste et vibrante, Adeline Dieudonné nous entraîne dans le récit brutal d’une enfance volée. Elle nous plonge dans l’horreur d’une famille détruite, en nous laissant toujours planer une lueur d’espoir, tel un phare dans l’océan. Un premier roman exceptionnel, glaçant et captivant qui me laissera sans conteste un souvenir indélébile !

La vrai Vie
Adeline Dieudonné
L’iconoclaste, 2018

Ma note : ★★★★★

Vous cherchez un roman qui nous parle de famille destructrices. Vous aimerez également Eleanor and Park de Rainbow Rowell.
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Découvertes Adulte

L’autopsie d’un dérapage : Les cœurs autonomes – David Foenkinos

Quand l’amour amène à la destruction

Elle n’avait jamais aimé autant un homme que lui. Il était son ancrage, son pilier, elle l’aurait suivi partout. Au départ, il était juste engagé politiquement. Puis, il est progressivement devenu extrémiste, aveuglé par de mauvaise relation et une soif de justice. Ils ont décidés de vivre en marge de la société, seul leur amour comptait, jusqu’à ce jour où tout à basculer…

Un roman glaçant sur une décente aux enfers

Alors que j’avais été déçue par une précédente lecteur de David Foenkinos, j’ai décidé de retenter l’expérience en voyant passer un de ses titres à la bibliothèque. J’ai notamment été attirée par le sujet de ce roman, éloigné des thèmes habituel de l’auteur. Il est en effet inspiré de l’affaire Florence Rey et Aubry Maupin qui s’est déroulée en 1994, un déferlement de violence qui a choqué lignification publique.

Ce texte est un raz de marré d’émotions, celles vécues par nos personnages qui ne contrôle plus rien et celles observées pas un narrateur qui n’a rien pu contrôlé et tente aujourd’hui de comprendre. Comment ces deux gamins tous ce qui a de plus normaux ont-ils pu arriver à un tel niveau de violence ? Comment expliquer leur choix de vie, leur décente aux enfers ?

A travers une plume acerbe, l’auteur nous présente un couple fou amoureux, possessif, excessif et destructeur. Il traite du thème universel de l’amour sous son angle le plus dramatique puisque plutôt que d’amener à la transcendance, il abouti à la destruction des êtres en des vies. 

Il nous montre aussi les limites d’un engagement politique excessif dans lequel on se perd, d’un engagement subi plus que réfléchi et motivé par des personnes malveillantes. Nos deux protagonistes sont ici le portrait de la naïveté dans le combat politique, de l’innocence de la jeunesse bafouée. 

Deux gamins perdus sur le fil d’un rasoir

David Foenkinos nous dépeint deux gamins perdus, un jeune homme en besoin d’exprimer sa colère et sa domination et qui teste constamment ses limites et une jeune fille en manque de reconnaissance qui aurait pu tout faire basculer si elle avait tenté de s’affirmer et de revendiquer son individualité.

Malgré qu’on ne puisse pas vraiment apprécier la protagoniste principale de l’histoire, on en viendrait presque à la prendre en pitié, elle, qui ballottée par la vie et aveuglement amoureuse a commis l’impensable. C’est ce qui fait pour moi la force de ce récit, qui dresse, de manière un peu trop mélodramatique quelque fois, l’autopsie du dérapage d’une jeune fille comme les autres. Enfin, comme les autres peut-être pas tant que ça, puisque notre protagoniste a toujours souffert d’un manque de reconnaissance, elle a toujours voulu être différentes des autres. Née dans une famille compliquée elle se jettera en pleine conscience dans cette relation destructrice, tant la reconnaissance de son amoureux est importante pour elle.

Le roman en bref

En s’inspirant d’un fait divers qui a marqué sa génération, David Foenkinos nous dresse un portrait de deux adolescents pommés, fou d’amour, ayant décidés de vivre au marges de la société. Un texte textes terrifiant, qui nous décrie avec horreur l’autopsie du dérapage.

Les cœurs autonomes
David Foenkinos
Grasset, 2006

Ma note : ★★★★☆

Pause jeunesse

Un roman sur le handicap : Ma dernière chance s’appelle Billy D. – Erin Lange

VS (10)

Dane Washington est un bagarreur, dès que ses poings le démanges, il cogne et se créé beaucoup de problèmes. Un jour, il va faire la rencontre de Billy D., un jeune trisomique qui s’est installé à côté de chez lui. Bon gré mal gré, Dane va devenir son protecteur et son allié dans la recherche de son père.

Présent dans mon office du mois de juin, c’est le sujet de ce roman qui m’a attiré. Ce titre, qui relate une histoire d’amitié hors norme est aussi un regard sur le handicap. A travers le personnage de Billy D., nous apprenons la tolérance puisque plusieurs scènes de moqueries nous sont données à voir. Elles témoignent du rejet des différences engendré dans notre société, exacerbé à l’adolescence.

La relation entre Billy et Dane est la clé de l’histoire. Sans mensonges et faux semblants, ces deux jeunes hommes perdus en quête de leur père forment un duo idéal. C’est la violence et surtout la douleur de la perte de leur père qui les réunis. Si les deux ont un passif différent, cet élément noue leur relation et leur compréhension mutuelle. A aucun moment Dane ne va traiter Billy D. comme une personne différente, ce qui rend leur relation pure et touchante. En fait, Billy est une sorte de petit frère pour Dane. Il est très protecteur avec lui et le soutient coûte que coûte.

Avec son sujet original traité avec justesse, ce titre est un beau message de tolérance et de respect des différences. Une histoire belle et touchante à découvrir avec un chocolat chaud !

Ma dernière  chance s’appelle Billy D.
Erin Lange
Ecole des loisirs, 2017

Ma note : ★★★★☆