Pause jeunesse

Un roman sensible et touchant : Aristote et Dante découvrent les secrets de l’univers

Une rencontre improbable

Aristote, quinze ans, dit Ari est un solitaire. Mal dans sa peau, il a sombré dans un sourde colère. Sans ami, il passe son temps à la piscine. Un jour, il y rencontre Dante, un jeune garçon à la personnalité opposée. Jovial, expansif. Même si tous les oppose, ils vont finir par lier amitié, qui va profondément changer Ari…

L’univers enveloppant d’une pépite

J’ai découvert ce roman à travers des vidéos Youtube sur le prix des incorruptibles et j’avoue que dans un premier temps son titre m’a laissé dubitative. Après la découverte des merveilles que cache ce roman, je le trouve par ailleurs peu représentatif du contenu. Ne vous fiez pas à lui, je vous présente aujourd’hui une pépite, un coup de cœur.

La plume est enveloppante et les chapitre courts donne du rythme à ce roman qui, compte tenu de sa taille aurait pu comporter des longueurs. Le ton est très juste, l’auteur nous enveloppe dans son univers avec douceur mais sans pour autant gommer la dureté de certaines situations.

Une quête identitaire

Ce roman, en véritable récit de vie, nous fait suivre la quête identitaire de deux jeunes adolescents en pleine remise en question. Au fil des pages, nous suivons leur évolution, l’un vis à vis de l’autre, mais aussi leur évolution interne. Amitié, amour, mal-être, différence, tous les sujets adolescents sont abordés, toujours avec finesse et intelligence. Nos deux personnages sont mis à nus et nous dévoilent toute leur sensibilité et leur humanité.

Deux personnages liés mais si différents

Aristote, communément appellé Ari est un garçon renfermé, solitaire et très en colère. Il vit avec ses deux parents et supporte mal le poids des fautes de son frère, actuellement en prison.

Dante, c’est tout l’inverse. Joyeux, fragile et passionné. Toujours optimiste, c’est un doux rêveur. S’ils sont le ying et le yang, c’est leur différence qui va fasciner Ari. Ils vont nouer alors une complicité extrêmement forte, inclassable et si belle à lire.

Le roman en bref

Aristote et Dante découvrent les secrets de l’univers est un roman sensible, enveloppant, une petite pépite que je recommande chaudement. Toujours juste, il nous conte une de plus belle rencontre qu’il m’est été donnée de lire, créatrice de questionnements succulents.

Aristote et Dante découvrent les secrets de l’univers
Benjamin Alire Sáenz
Pocket Jeunesse, 2019

Ma note : ★★★★★

Vous cherchez un joli roman d’amour ? Vous aimerez également Eleanor and Park de Rainbow Rowell.
D’autres idées en lien avec ce roman ? N’hésitez pas à les partager en commentaire ! 

Découvertes Adulte

Sexualité et corps féminin : Les monologues du vagin – Eve Ensler

Dans l’intimité des corps

Paru en 1998 aux États-Unis, cette pièce de théâtre retranscrit les témoignages recueillis par Eve Ensler auprès de plus de 200 femmes. Sans tabou, elles nous dévoilent leur intimité, leur sexualité, leur désir et leur corps.

Un vagin pour les révéler toutes

J’ai découvert ce texte grâce à une animation lecture dans la bibliothèque où je travaille. En entendant mes collègue réviser, j’ai eu envie de découvrir plus en profondeur ce court texte, qui s’inscrivait par ailleurs parfaitement dans un de mes menus pour le pumking automne challenge.

Ce roman est complètement d’actualité puisque parler du corps de la femme est encore aujourd’hui un sujet sensible. Dernièrement nous avons par exemple eu la polémique autour de la publicité pour les protections hygiénique Nana qui illustre bien cela.

Le vagin pour notre autrice, c’est le meilleur terme pour désigner le sexe féminin. Ce mot complètement tabou à l’époque de la sortie de ce roman, encore tabou aujourd’hui, nous fait rentrer au plus profond de l’intimité d’une femme. Il est un symbole fort, une puissance émancipatrice, un geste de réappropriation de leur corps par toutes les femmes qui commencent à s’en préoccuper. Pour chaque femmes, comprendre son vagin c’est se pencher sur la mystérieuse question du plaisir sexuel, plaisir jusqu’alors dévalué.

Un point d’entrée engagé

A travers des témoignages de femmes, ce court texte nous donne à voir des vies de vagin, vagins meurtris, oubliés, ou révélés. L’autrice y ajoute sa propre expérience, analyse pointue de sa découverte et de son évolution. Un texte sûrement révélateur et symbole de lutte et d’espoir à son époque qui reste aujourd’hui un bon point d’entrée pour toute personne qui commence à s’intéresser à la question. Progressif et accessible, il n’en reste pas moins juste et précis. En un mot : engagé.

Le texte en bref

A travers un texte engagé, Eve Ensler donne la parole au vagin, la partie la plus intime mais souvent la plus négligée du corps de la femme. Un texte sans tabou, fondateur, qui nous parle de réappropriation de son corps et de sa sexualité.

Les monologues du vagin
Eve Ensler
Du noël, 2005

Ma note : ★★★★☆

Des idées en lien avec ce roman ? N’hésitez pas à les partager en commentaire !

Coin-blabla

Challenge OLPF – Mars 2019

Couverture de Quand le monstre naîtra

Chaque premier vendredi du mois, Gallimard jeunesse propose un nouveau thème permettant de faire de nouvelles découvertes livresques. La maison nous fait également une suggestion de lecture pour accompagner le défis. Vous pouvez la retrouver sur leur site.

Et oui, je n’ai pas abandonné le challenge On Lit Plus Fort 2019 ! C’est quand même un de mes objectifs livresques de cette année, alors je compte bien ne pas faire comme l’année dernière ! J’avais juste évité le défis du mois dernier, puisqu’il s’agissait de relire notre tome préféré de Harry Potter, ce que je n’avais pas franchement envie de faire tant ma PAL contenait des romans alléchants !

Le défis du moi de mars n’est pas vraiment réjouissant puisqu’il s’agit de lire un livre qui fait pleurer… Comme les giboulées de mars. Du coup, j’en avait un qui me semblait pas mal dans ma PAL, Quand le monstre naîtra de Nicolas Michel. Je ne sais pas s’il va me faire pleurer mais en tout cas le sujet s’y porte puisqu’il nous parle de la guerre à travers les yeux d’une petite fille.

Et vous, vous participez à ce challenge ? Si oui, quelle est votre lecture du mois de Mars ?

Pause jeunesse

Dépasser son handicap par l’amour: Et plus si affinités – Sara Barnard

Couverture du roman Et plus si affinité de Sarah Barnard

Quand deux handicap se rencontrent

Cette année, c’est le grand changement pour Steffi. Elle doit faire sa première rentrée sans Tem, sa meilleure amie. Si cette situation semble facile au premier abord, elle relève d’un véritable challenge pour Steffi, qui souffre de mutisme sélectif. A chaque fois que la jeune fille est en situation de stresse, elle ne peut plus parler. Mais cette année, elle ne sera plus la seule à être un peu différente puisqu’elle va rencontrer le beau Nick, sourd de naissance.

Un roman d’amour … et plus si affinité

Pour une fois, j’avais envie d’un peu d’amour, de ma dose de guimauve. Lorsque j’ai vu passer ce petit roman je me suis dit chouette, quelle belle couverture pleine de couleurs ! Pourtant, malgré son apparente légèreté, ce roman est bien plus profond et sensible puisqu’il traite du handicap et de la différence.

Ce texte tout en douceur nous invite à suivre avec bienveillance le passage à l’âge adultes de deux adolescents un peu différents puisque tout deux en situation de handicap. Contrairement à de nombreux textes sur le handicap qui insiste sur la « normalité » des personnages, ce roman nous parle aussi des limites ou tout du moins des freins de notre monde peu adapté. 

Un silence libérateur

Véritable ode à la tolérance, ce roman nous parle également de la thématique de la communication à travers le handicap. Si être sourd ou muet semble un frein énorme pour le commun des mortels, nos deux personnages se rassemblent autour de la langue des signes, véritable libération pour Steffi. La bulle de silence qu’elle va construire avec Rhys lui permettra de s’ouvrir au monde et d’enfin accepter sa maladie et s’émanciper.

Vous le savez peut-être si vous suivez mes chroniques depuis un petit moment, je ne suis pas de celle qui affectionne les romances trop gnangnan et guimauve. Globalement, je n’ai pas fait d’indigestion pendant ma lecture et c’est même le côté dès fois un peu trop mélodramatique de certaines situation qui m’a plus déranger (oui, oui, moi j’ai été dérangé par du mélodramatique). Comme un bon nombre de ses contemporains, ce roman surfe sur la tendance de la sick lit grâce à laquelle de nombreux textes magnifiques ont émergés mais qui commence, je dois bien le dire, à un peu me lasser.

Des personnages aussi courageux que vulnérables

Dès le début du roman, Steffi, est présenté comme une personnes fragile et vulnérable. Muette la plupart du temps, elle souffre d’un mutisme sélectif, elle n’arrive pas à parler en présence d’étrangers. Elle est décrite comme extrêmement dépendante. De ses parents, qui la couve à outrance mais aussi de sa meilleure amie, sans qui elle ne s’est jamais sentie exister. Avec l’absence de Tem, nous assistons peu à peu à la libération de Steffi, une petite chenille qui va se transformer en papillon, grâce également au courage que lui insuffle l’amour. 

Rhys c’est la présence réconfortante, le boule d’énergie et de positivité de Steffi. Il est présenté comme un garçon épanoui, entouré, courageux. Ensemble, ils nous prouvent que « l’amour peut vaincre tous les maux » mais aussi que « l’amour peut briser des frontières », dans leur cas, celles du handicap et des idées préconçues qui restreignaient leur imagination.

Le roman en bref

Plein de douceur, ce texte très accessible nous donne à voir l’émancipation et la transcendance de Steffi, une jeune fille atteinte de mutisme sélectif qui peine à trouver un sens à sa vie. Une jolie histoire d’amour, à découvrir avec un chocolat chaud et un bon plaid. 

Et plus si affinités
Sara Barnard
Casterman, 2018

Ma note : ★★★☆☆

Ce roman vous intéresse ? Vous aimerez également Nos cœurs tordus de Séverine Vidal et Manu Causse. D’autres idées en lien avec cette thématique ? N’hésitez pas à partager e commentaire ! 

Pause jeunesse

Un roman sur la différence et la recherche d’identité : Philibert Merlin, apprenti enchanteur – Glwadys Constant

Philibert_merlinUne famille brillante où il est difficile de trouver sa place…

Dans la famille de Philibert, tout le monde possède un don : son frère est un musicien de renommée mondiale, sa sœur une danseuse étoile, son second frère un brillant informaticien… Ils ont tous découvert très jeunes leur talent caché. Tous, sauf Philibert…

Une jolie histoire qui dédramatise la différence

Ce court roman présent dans un de mes office était l’un des coups de cœurs de ma libraire. J’ai donc décidé de me plonger entre ses pages et j’ai bien fait, puisque ce roman met en scène une jolie petite histoire, pleine d’humour et de valeurs positives. Avec ses chapitres courts, il est aussi joliment illustré. Les noms des différents personnages sont autant de références qui raviront les lecteurs alertes (Wolfang le surdoué de la musique, Albert le génie des maths…).

Philibert est le dernier d’une fratrie pas comme les autres. Si ses frères et sœurs ont développés un dons extraordinaire de manière extrêmement précoce, ce n’est pas le cas de notre héros. Malgré sa pugnacité et ses multiples tentatives se soldant toutes par de lamentables échecs, le don de Philibert n’apparaît pas. Il est donc bien différent du reste de sa famille, qui même si elle ne le fait pas véritablement exprès, le lui fait bien sentir. Chacun réalise d’ailleurs d’ingéniosités pour résoudre ce problème, tant et si bien que Philibert est de plus en plus triste. Et c’est quand notre héro écoutera enfin sa petite voix intérieur et arrêtera de se chercher qu’il comprendra…

Un petit cancre très attachant

Le personnage de Philibert est vraiment très attachant. Rien d’étonnant, qui ne s’est jamais interrogé sur ses capacités ou sur son identité ? Même si nous ne venons pas de famille de magiciens, nous passons également par ces remises en question, ce cheminement intérieur. C’est ce que Philibert entreprend avec beaucoup de courage, puisqu’il ne baisse pas les bras malgré la pression familiale et ses nombreux échec.

Un récit qui invite à prendre son temps

A travers le sujet de l’identité, ce petit roman permet de dédramatiser beaucoup d’autres situations. A tous les adolescents qui s’inquiètent pour leur orientation, à tous les parents angoissés qui mettent la pression à leur enfants … Laissez le temps au temps. Tout vient à point à celui qui sait attendre, tel est le message que délivre ce petit roman.

Le roman en bref

En abordant des thèmes universels comme la différence et la construction de sa personnalité, ce court roman est un petit bonbon à mettre entre les mains de tous les jeunes lecteurs (8 ans et plus) et aussi, pourquoi pas, des parents trop stressés.

Philibert Merlin, apprenti enchanteur
Glwadys Constant et Juliette Barbanegre
Rouergue, 2018

Ma note : ★★★★☆