Pause jeunesse

Le combat de 9 étudiants contre la ségrégation : Sweet sixteen – Annelise Heurtier

9 étudiants noires envers et contre tous

1958. Dans l’Arkansas un des plus prestigieux lycée ouvre ses portes pour la première fois à des étudiants Noirs. 9 étudiants qui vont devoir se battre pour garder leur place dans ce lycée… Molly est l’une d’entre eux, plongée malgré elle dans une violence extrême…

Une décision majeure dans la lutte pour l’égalité

En mai 1954, la Cour Suprême des Etats-Unis rend inconstitutionnelles la ségrégation raciale dans les écoles publiques. Tous les établissements jusqu’alors réservés aux Blancs doivent maintenant ouvrir leurs enseignements aux Noirs. Dans les états du Sud profondément ségrégationnistes, cette décision est plus que contestée. Malgré tout, l’Etat tient bon et le prestigieux et renommé Lycée Central de Little Rock dans l’Arkansas est forcé d’accueillir 9 étudiants Noirs : Ernest Green, Elizabeth Eckford, Jefferson Thomas, Terrence Roberts, Carlotta Walls, Minnijean Brown, Gloria Ray, Thelma Mothershed et Melba Pattillo. Ce roman retrace l’histoire romancée de l’une d’entre eux, Melba Patillo.

Je vous avais parlé de ce roman dans ma petite sélection autour de #blacklivesmatter mais je n’avais encore pas eu l’occasion de me plonger entre ses lignes. Il m’a causé un véritable choc. Il fait pour moi parti des textes indispensables que chacun devrait lire au moins une fois.

Une réalité historique glaçante, violente

La violence imprègne la moindre des pages de ce roman. Ce n’est pas une violence visible, sanglante comme celle des romans policier ou des romans d’horreur. Celle-ci est plus sournoise, sombre. J’ai été heurté par des scènes que j’ai pu découvrir. Ce texte est glaçant et il m’a mis extrêmement mal à l’aise car il ne nous décrit pas un monde imaginaire, mais une réalité historique.

Si j’avais connaissance des horreurs perpétrées sur la population Noire aux États-Unis pendant la ségrégation, j’ai eu ici l’occasion de m’immerger dans la peau d’une jeune fille Noire. Insultes, humiliations, menaces, isolation, nous sommes témoin d’une haine à l’état pure et sans fondements. Nous constatons avec effarement les clichés véhiculés, servant d’excuses ridicules pour rejeter l’intégration de ces 9 étudiants. Tout cela est amené avec justesse est sensibilité par la très belle plume d’Annelise Heurtier.

Deux filles, deux ambiances

Ce roman est d’autant plus intéressant qu’il nous permet de connaitre plusieurs points de vue sur la situations. Les chapitres alternent en effet entre le point de vue interne de Grace, une jeune bourgeoise blanche venant d’une famille conservatrice et celui de Molly, une des 9 jeunes étudiants noires. Molly et Grace sont dans la même classe, ont des rêves de vie similaires mais vivent dans deux univers diamétralement opposés.

Grace Anderson est une jeune bourgeoise insouciante. Blanche, aisée, elle rencontre les préoccupations de toutes les jeunes filles de son âge : la mode, le garçons, les copines… Sa famille, comme celles de tous ses amis est très conservatrice et ségrégationniste. C’est à travers son regard que nous allons suivre les expéditions punitives menées contre les 9 élèves et les manifestations de parents mécontents. Cependant, au fil du récit se dessine également un espoir, celui d’une jeune fille remettant en question les réflexions de son entourage.

En décidant d’intégrer un lycée différent de ses camarades de quartier, Molly Costello est tiraillée entre une communauté blanche qui lui voue une haine farouche et une communautés noire qui, en plus de ne pas la soutenir, la traite d’inconsciente et de créatrice de problèmes. Malgré le cauchemar dans lequel elle est entraîné, Molly est courageuse, pugnace et surtout pleine d’espoir. Ce personnage est librement inspiré de Melba Patillo, une des véritables héroïnes de l’histoire américaine.

Le roman en bref

A travers les points de vue de Grace, une jeune bourgeoise Blanche venant d’une famille conservatrice et de Molly, une jeune fille Noire, Annelise Heurtier nous dépeint une Amérique profondément raciste et ségrégationniste. Une histoire vraie retraçant la lutte des 9 premiers étudiants à intégrer une école publique jusqu’alors réservée aux blancs. Un roman profondément heurtant, violent mais plus que nécessaire et actuel.

Sweet Sixteen
Annelise Heurtier
Casterman, 2014

Ma note : ★★★★★

Vous cherchez un autre titre autour du racisme ? Découvrez La jeune fille et le soldat d’Aline Sax. D’autres idées en lien avec ce roman ? N’hésitez pas à les partager en commentaire !

Pause jeunesse

Une aventure aux confins du monde : Les larmes des avalombres – Alexandre Chardin

Couverture des "Larmes des Avalombres" d'Alexandre Chardin

Nuits sanglantes

Le père de Nandeau est atteint d’un mal inconnu qui le ronge à petit feu. Quelque jour avant le nuit de Grand sang, à bout de force, il décide de fuit son village et sa famille. Sans aucunes explications. Sans aucunes indications. Nandeau cherche des réponses auprès du dangereux Tourkoul. Mais ce dernier, loin d’être un allié, est responsable des nuits sanglantes, où bêtes et hommes meurent. Nandeau se lance alors dans une quête folle, afin de retrouver son père et de sauver son village.

Sueurs froides, rythme et suspense

Pris au hasard sur une table des nouveautés de ma bibliothèque, ce roman est une très belle découverte ! C’est un texte riche, tant par son vocabulaire que par son univers. Ce roman, aux chapitres très courts est plein de rebondissement. Il nous tient en haleine du début à la fin grâce à son rythme et son suspense. Immergé dans l’univers de Nandeau, nous partageons ses sueurs froides et ses victoires.

Nature, légendes et créatures

Ce roman nous immerge dans un monde, pas si loin du notre, avec une nature omniprésente. Cet univers est bercé par les légendes et abrité par des créatures légendaires. Les descriptions de paysages rencontrés par notre héros dans sa quête peuplent le récit de belles images.

La nature est son allié, l’ordre des choses, le bien face à la magie destructrice de Tourkoul. Elle est celle qui reste à se place, comparativement à la figure diabolique de Tourkoul, avide de pouvoir. Mais la nature et les créatures fantastiques, lumières de ce monde, sont entrain disparaitre. Nous trouvons ici pleins de parallèles entre le personnage de TourKoul et le désir de domination de la nature et de possession à outrance de notre société.

Ce récit est emprunt d’une grande violence. Les délires sanglants des chevaliers, les corps meurtris par Tourkoul, s’ajoutent à la destruction de la nature. C’est un roman d’initiation, où nous voyons évoluer petit à petit le héro, intrépide et têtu, devenant par la suite un homme capable de tous les sacrifices.

Une superbe amitié entre un renard et un humain

Le jeune Nandeau est intrépide, courageux mais aussi très curieux. Il connait très bien la forêt et a la faculté particulière de pouvoir communiquer avec les animaux. Sa curiosité va lui jouer des mauvais tours, et va le forcer à affronter le terrible Tourkoul, responsable des malheurs de son peuple.

Pour affronter toutes ses épreuves, Nandeau ne sera pas seul : son ami  Rubah sera toujours à ses côtés, il lui a promis. Cette amitié est peu commune car  Rubah est un renard. Loyal, futé et extrêmement fidèle, il sera le guide du jeune garçon, son moteur mais aussi son maitre, en lui transmettant ses connaissance de la nature. La relation qu’ils entretiennent, est une véritable lumière dans ce récit, Rubah est comme un père pour le jeune homme.

Aux antipodes, la figure de Tourkoul est celle du mal absolu. Rongé par l’ambition, de désir de pouvoir, ce dernier renie petit à petit sa nature humaine pour se tourner vers l’occulte et la puissance destructrice. Il est malin, intelligent, manipulateur. Il tisse telle une araignée son emprise autour du jeune Nandeau, qui bientôt sera obligé de l’aider à arriver à ses fins..

Le roman en bref

Avec rythme, profondeur et suspense, ce titre nous entraine dans un univers noir peuplé de légendes et de créatures fantastiques. Un roman d’aventure fantasy très bien mené, à découvrir !

Les larmes des Avalombres
Alexandre Chardin
Magnard, 2018

Ma note : ★★★★★

Vous cherchez un roman fantasy avec un jeune héro ? Découvrez également L’apprenti épouvanteur – Joseph Delaney.
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Actu'litté

#blacklivesmatter

Aujourd’hui je bouscule un peu mon planning de publication pour vous proposer du contenu en lien avec une bien triste actualité. Je me suis pas mal interrogée sur ce que je pouvais faire à mon échelle pour participer au mouvement de soutient et j’ai décidé de vous faire une petite sélection de 5 titres qui nous parle de racisme et de lutte. Parce que je crois que l’éducation est la réponse à nos problème et qu’elle peut venir de nombreuses sources, dont la lecture :

The hate U give
Angie Thomas
Nathan, 2018


Starr, seize ans est une jeune fille noire vivant dans un quartier rythmé par les trafics et les descentes de police. Elle voit sa vie basculer quand son ami Khalil est tué par des policiers devant ses yeux. Elle est la seule témoin, mais elle va se battre pour la justice.

Entre chiens et loups
Malory Blackman
Milan, 2005


Dans le monde de Stacy, les noirs sont la classe dominante, dirigeante. Les blancs sont opprimés, dominés. Stephy est noire et fille de ministre. Elle est amoureuse de Callum, blanc et fils de rebelle. Ils n’ont pas le droit de s’aimer et pourtant…

Sweet Sixteen
Annelise Heurtier
Casterman, 2014

1958. Dans l’Arkansas un des plus prestigieux lycée ouvre ses portes pour la première fois à des étudiants noirs. 9 étudiants qui vont devoir se battre pour garder leur place dans ce lycée…

Leon
Leon Walter Tillage
L’école des loisirs, 1999

Leon Walter Tillage est né en 1936, en Caroline du Nord. Jeune noir, fils de métayer et petit-fils d’esclave, il voit un jour son père mourir, tué par des blancs. Un jour, il décide de se battre et de suivre Martin Luther King dans son combat pour l’égalité.

La couleur des sentiments
Kathryn Stockett
Actes Sud, 2011

Mississippi, 1962. Les loi raciales font autorités. Skeeter, une jeune bourgeoise blanche va se lier d’amitié avec Minny et Aibileen, deux bonnes noires. Ensembles, elles vont tenter de faire bouger les choses.

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Des avis, des suggestions, je serais ravie de vous lire.

Pause jeunesse

Une ode à la préservation de la nature : Et le désert disparaîtra – Marie Pavlenko

Couverture de "Et le désert disparaîtra" de Marie Pavlenko

Des arbres pour survivre

Samaa vit dans un monde futuriste où l’intégralité de la surface de la terre, ou presque, a disparue ensevelie sous le sable. Elle vit avec son peuple nomade dans le désert. Pour survivre, ils traquent les derniers arbres, les coupent et les vendent à la ville. C’est un travail d’hommes, les femmes, elles, restent au campement pour faire les taches ménagères, s’occuper des enfants… Mais Samaa rêve de devenir un chasseur d’arbre. Un jour, elle décide de désobéir et suivre les hommes à travers le désert. C’est là qu’elle va véritablement rencontrer l’arbre.

Renaissance et nature

J’ai découvert ce roman dans le cadre d’une lecture commune avec @mlle_cailloux_bookine et nous avons eu toutes les deux un avis différent. J’avais déjà découvert Marie Pavlenko dans Un si petit oiseau. Il m’avais ému, tant par le sujet ; la renaissance ; un sujet puissant et fort, que par l’amour que Marie Pavlenko transmet pour la nature. Et le désert disparaîtra est dans la droite ligne de cette thématique.

Un objet-livre parlant

Pour parler dans un premier temps de l’objet-livre en lui-même, il a été réalisé avec des forêts durables, en France, avec de l’encre d’origine végétale. Il n’a pas été plastifié… Le marque-page offert avec le livre était également en papier recyclé. Même si la couverture est très simple, beige avec des petites feuilles, on ressent déjà la teneur du message transmis à l’intérieur du livre.

Une lenteur et une solitude poétique

Ce texte se construit tout en lenteur, c’est une petite dentelle où on voit apparaître chaque jour une nouvelle maille. Nous ressentons l’attente de Samaa, le temps qui se dilate, lentement, son sentiment de solitude. Cette lenteur nous permet d’explorer avec l’héroïne les choses que l’on oublie de voir dans notre vie quotidienne prise dans cette vitesse, cette course. Elle est le vecteur de poésie du récit.

Nous observons avec Samaa la nature, comme nous pouvons d’ailleurs le faire lors de ce confinement, dans tous ces détails : les petits insectes qui peuplent l’arbre, les grains de sables, les feuilles qui tombent. Nous découvrons l’incroyable biodiversité que peut accueillir un arbre.
Ce texte m’a beaucoup touché et fait écho à des éléments de mon quotidien. J’ai la chance d’avoir à côté de mon balcon deux magnifiques cèdres, sur lesquels je peux observer des oiseaux, un écureuil… Et je sais que si je descend et que je fais comme Samaa, je m’assoie à coté du tronc, je pourrais percevoir ce qu’elle perçoit et ressentir la fascination pour l’arbre qu’elle ressent.

Une héroïne courageuse et curieuse

Samaa est courageuse, pugnace. C’est une jeune femme pleine d’ambition qui va contre les dictas de son peuple. Elle décide de suivre son cœur et choisir son futur malgré la non-conformité avec la place de la femme dans sa tribu. Elle est aussi curieuse et ouverte.

Samaa connait l’arbre uniquement comme une denrée qui lui permet de survivre, elle ne connait pas la faune ou la flore qu’il abrite. Avant sa mésaventure, les arbres étaient des créatures presque monstrueuses, des dangers pour l’homme à éliminer. Au fur et à mesure, elle va se rendre compte que l’arbre est créateur de vie. Elle nous fait partager cela au fil des pages, jusqu’à la fascination.

Le roman en bref

Un magnifique texte, où la lenteur, la solitude et le silence sont les clés pour découvrir notre incroyable écosystème, la vie que peux abriter un arbre. Et le désert disparaîtra est un texte puissant, une ode à la préservation de la nature.

Et le désert disparaîtra
Marie Pavlenko
Flammarion jeunesse, 2020

Ma note : ★★★★★

Vous cherchez un autre titre avec un message écologique ? Vous aimerez aussi L’attrape rêves de Xavier-Laurent petit.
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Pause jeunesse

De quoi avez-vous besoin ? Need de Joëlle Charbonneau

Le réseau de l’enfer

Quels sont tes besoins ? Quels sont tes désirs ? Qu’importe ta requête, Need te l’apportera. Need, c’est le nouveau réseau social à la mode dans le lycée de Nottawa. Bien mystérieux, il fut malgré tout très vite adopté par toute la communauté. Mais si ses utilisateurs ont cru dans un premier temps vivre un rêve, ils vont bientôt se retrouver piéger dans ce réseau social cauchemardesque…

Un roman à suspense

J’avais déjà entendu parlé de Joëlle Charbonneau puisqu’elle est l’autrice de la série L’élite, qui a connu un certain succès. Or, je n’avais pas encore eu l’occasion de découvrir ses romans. En passant devant le rayonnage des romans Yong Adult de ma bibliothèque, j’ai vu ce titre, dont le résumé m’a tout de suite attiré.

Je recherchais un titre glaçant, avec du suspense et je fut servi. Ce roman est très prenant, je l’ai d’ailleurs dévoré en une nuit. De plus, c’est vraiment agréable de se lancer dans un one shot parce entre toute ces séries YA on ne s’y retrouve plus !

Roman sur les désirs et les réseaux sociaux

Ce roman questionne la notion de besoin mais également notre humanité. Sommes-nous capables d’aller jusqu’à renier nos valeurs profondes dans le seul but de répondre à un besoin immédiat ? Il dénonce également le matérialisme présent dans notre société et le consumérisme à outrance. La majorité des adolescents présents sur le réseau social n’aspiraient en effet qu’à obtenir de beaux objets, des choses chères afin de ressentir une émotion brève, puisqu’elle était bien vite remplacé par le désir d’un autre objet. Ce cycle infernal est le reflet parfait de notre société, où nous ne somme jamais rassasiés et toujours stimulés à consommer plus, tout un tas de choses inutiles et qui ne nous apporteront jamais qu’un bonheur futile. Les réseaux sociaux comme une vitrine de notre vie, ne font qu’amplifier ce besoin de reconnaissance sociale, qui passe bien souvent par le matérialisme.

Je trouve que ce roman fait également écho à l’expérience de Milgram, pratiqué par des psychologues pour évaluer le degré d’obéissance qu’un individu peut avoir face à une autorité qui va à l’encontre de ses valeurs. L’expérience de Need est franchement dans la même veine et arrive à une conclusion similaire. En se cachant derrière le réseau social, les individus se disent que ce qu’il ont fait était nécessaire et qu’ils n’avait pas le choix. Que ce n’était pas si grave, que leurs actions seraient sans conséquences. Dans le cas contraires, ils ne seraient pas tenu responsables puisqu’ils ont obéis à une autorité supérieure.

Une loupe sur les maux adolescents

Si au début, le récit se concentre sur le point de vue d’un personnage en particulier, la jeune Kalee, il bascule très vite sur une alternance entre les auteurs des principaux actes de la plateforme Need. Cette alternance donne du rythme au récit et permet de comprendre les situations plus en profondeur.

Ce roman se concentre donc sur la personnalité et la psychologie de chacun des protagonistes. Nous suivons une Kalee assez attachante. Déterminée, exigeante, tant avec les autres qu’avec elle même et profondément en colère de sa situation de vie. Il faut dire qu’elle n’a pas une vie facile, entre son frère qui se bat pour survivre, son père qui est parti sans donner de nouvelles et sa mère qui la mise de côté. D’autres protagoniste sont en manque de reconnaissance, de frisson, de sens à leur vie… Nous retrouvons à travers leur yeux tous les questionnements adolescents, mis en valeur par Need.

Le roman en bref

A travers un texte addictif et plein de suspense, Joëlle Charbonneau nous entraine dans le piège mortel du réseau social « Need ». Au fil des pages, elle tisse la toile d’un étrange système, dans lequel tout un lycée va se retrouver piéger, forçant à se dévoiler la pire nature de certains des protagonistes. Un roman prenant sur la notion de désir.

Need
Joëlle Charbonneau
Milan, 2016

Ma note : ★★★☆☆

Vous chercher une une dystopie addictive ? Vous aimerez également Naissance des cœurs de pierre d’Antoine Dole .
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Découvertes Adulte

Survivre dans une famille toxique : La vraie vie – Adeline Dieudonné

La vraie vie d'Adeline Dieudonné

Vaincre la hyène

Gilles était le rayon de soleil dans la vie de notre héroïne, jusqu’au jour où tout a basculait… Le jour où, Gilles, traumatisé par la violence est devenu un zombie. Le jour où la hyène est entrée dans le cœur de son petit frère. Dorénavant, elle se battra pour lui. Elle  essayera de revenir en arrière et d’effacer ce jour fatidique, où le vendeur de glaces est mort devant ses yeux. Mais parviendra–t-elle à détruire la hyène ou sera-t-elle, elle aussi, entraînée dans cette spirale de violence et de mort ?

Tout pour me plaire

J’ai découvert ce roman dans le train, je l’ai écouté le mois dernier. Comme vous avez peut-être déjà eu l’occasion de le remarquer, je lis beaucoup de littérature contemporaine et j’aime énormément les textes très sombres. Ainsi, je ne pouvais pas passez à côté de ce roman, qui avait in-situ tout pour me plaire.

Ce roman, premier texte de cette autrice, a par ailleurs été salué par la presse et a reçu le prix Fnac et le Renaudo des lycéens en 2018 et on comprend pourquoi ! L’écriture sublime et cinglante de l’autrice nous entraîne dans un texte glaçant, dans lequel le silence nous emprisonne dans une bulle de frayeur.

Le récit brutal d’une enfance volée

Dès le début, le ton est donné, Adeline Dieudonné ne fera pas dans la dentelle « A la maison, il y avait quatre chambres. La mienne, celle de mon petit frère Gilles, celle de mes parents, et celle des cadavres ». Une phase d’accroche glaçante, comme la suite du récit, raconté par une jeune fille à l’innocence volée. Elle évolue en effet dans une famille complètement destructrice. Son horreur est personnifié par son père, un homme brutal, caractériel, qui détruit tous ce qu’il touche, en commençant par la mère de notre héroïne. Il voue également une passion pour la chasse, une activité qui lui permet de montrer sa bestialité. Il collectionne par ailleurs ses trophées de chasse dans une pièce des plus glaçante.

Cette pièce est l’allégorie de la peur intérieur de notre héroïne. Quand deviendra-t-elle à son tour la proie, le trophées de son père. Par ailleurs, il se comporte déjà comme si elle était son trophée, l’étouffant, comme il étouffe sa mère, au fur et à mesure que son frère Gilles se révèle à ses yeux. C’est dans cet environnement hostile que notre héroïne évolue, telle une magnifique fleur cachée dans une crevasse. Si elle ne se révèle pas au monde, c’est pour mieux se protéger des intempéries de son père. Lui ne voit que sa médiocrité, ce qui le rassure dans sa virilité.

La mère de notre héroïne est complètement soumise à son mari. Battue, manipulée, elle se terre dans son monde intérieur pour ne plus subir sa réalité insupportable. Seuls ses animaux, dont elle s’occupe avec un amour plus que maternel, lui permettent de se réveiller. Elle n’est d’aucun soutient à ses enfants. Dans le roman, elle sonne comme un garde fou pour notre héroïne. Elle sait ce qui l’attend si son père découvre la vérité.

Un personnage principal pugnace et courageux

Elle, puisqu’elle ne porte pas de nom, est brillante. Dans tous les sens du terme. Brillante, car elle est surdouée en physique, tant et si bien qu’elle prend des cours particuliers pour continuer à apprendre dans ce domaine. Son intelligence la rend également très astucieuse et elle arrive à passer outre la surveillance de son père.

Elle est aussi brillante par sa mentalité. Elle symbolise l’espoir de toute sa famille, l’incorruptible lumière. Elle est toujours positive malgré les horreurs qu’elle vit et pleine de courage. Au fil du récit, nous la voyons évoluer, s’émanciper et commencer à penser par elle même et pour elle. Si son frère se vide de plus en plus et deviens l’égal de son père, elle est par contre à l’antipode de sa mère.

Le roman en bref

Avec sa plume juste et vibrante, Adeline Dieudonné nous entraîne dans le récit brutal d’une enfance volée. Elle nous plonge dans l’horreur d’une famille détruite, en nous laissant toujours planer une lueur d’espoir, tel un phare dans l’océan. Un premier roman exceptionnel, glaçant et captivant qui me laissera sans conteste un souvenir indélébile !

La vrai Vie
Adeline Dieudonné
L’iconoclaste, 2018

Ma note : ★★★★★

Vous cherchez un roman qui nous parle de famille destructrices. Vous aimerez également Eleanor and Park de Rainbow Rowell.
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Coin-blabla

Challenge OLPF – Avril 2019

Challenge OLPF Nil de Lynne Matson

Je reviens aujourd’hui avec le fameux challenge mensuel de Gallimard : le challenge On Lit Plus Fort (OLPF pour les intimes) !

Chaque premier vendredi du mois, Gallimard jeunesse propose un thème permettant de faire de nouvelles découvertes livresques. Proposition accompagnée d’une suggestion de lecture que vous pouvez retrouver sur leur site. Comme tous les mois, je ne vais pas suivre cette suggestion, même si Le Théorème des labyrinthes de Tom Pollock a l’air vraiment intéressant !

Pour le mois d’avril, Gallimard jeunesse nous propose de suivre un dicton de saison « En avril, ne te découvre pas d’un fil ». En l’occurrence ce serait plutôt « En avril, couvre-toi de pages pour ne pas attraper froid », puisqu’il s’agit ce mois-ci de lire un roman de plus de 400 pages.

Ce défi tombe à pic puisque j’avais réservé à ma bibliothèque le tome deux d’une de mes sagas favorites du moment, Nil : les secrets de Nil de Lynne Matson, dont je vous avais déjà parlé dans mon article « Music my books« . Je vais donc en profiter pour le dévorer avant que quelqu’un d’autre ne décide de le réserver à son tour !

Et vous, participez-vous à ce challenge ? Si oui, quelle est votre lecture du mois d’avril ?

Pause jeunesse

Hunger games (Tome 1) – Suzanne Collins

Treize district pour un vainqueur…

Dans une Amérique future, les individus sont divisés en 13 districts contrôlés par un pouvoir central, le capitole. Toutes les années, afin de rappeler aux districts la révolte qui les a conduit vers la catastrophe, le gouvernement organise des Hunger games, des jeux de la mort, où chaque district envoie des tributs tirés au sort. Seul l’un d’entre eux survivra à ce jeu, retransmis à la télévision.
Katniss est une jeune fille de 16 ans vivant dans le district onze. Dans son district, tous les individu travaillent dans les mines. Son père est d’ailleurs mort très tôt, enseveli dans une veine. Elle se retrouve donc seule à devoir subvenir aux besoins de sa mère, anéantie par le chagrin et de sa petite sœur, Prim. Tous les jour, elle part braconner avec son ami Gale, une activité illégale dont elle tire la survie de sa famille. Lorsque viens le tirage au sort pour participer au Hunger Games c’est Prim qui est choisie. Katniss décide alors de se porter volontaire pour lui épargner une mort certaine.

Un déterré de ma PAL

Depuis le temps que je l’avais dans ma PAL celui là ! J’avais tellement hâte de l’ouvrir et en même temps, je déteste lire les livres à la mode. Je l’avais donc un peu mis de côté. J’attendais également de ne plus avoir en mémoire tous les détails du film, puisque d’habitude je préfère découvrir une histoire par le roman. Je me suis enfin décidé, en l’intégrant à mon challenge On lit plus fort de Gallimard.

J’ai retrouvé dans ce roman, tous ce que j’aime dans une dystopie : un personnage féminin fort, avec du caractère, du courage, de la ténacité et des opinions fortes J’ai beaucoup aimé tous les ingrédients de cet univers très contrôle, très bien défini, très bien décrit. L’intrigue est également très bien ficelée, sous fonds d’histoire d’amour et d’amitié.

Un style percutant et une intrigue bien ficelée

Ce roman c’est un style simple mais percutant et prenant. Ce premier tome se penche sur les relations entre les personnages, leurs émotions et la survie. C’est un roman plein de rebondissement, un page turner vraiment très addictif. Je l’ai lu d’une traite car l’intrigue est très bien ficelée et les personnages extrêmement attachants.

J’ai trouvé que tout était très bien dosé : la base de l’histoire est assez développée pour que nous comprenions l’univers : les relations qu’entretient Katniss avec son district, la spécificité de ce district, l’étendu de l’amour qu’elle porte à sa sœur et ce qui va finalement la pousser à prendre sa place. J’ai d’ailleurs eu l’impression que tous ce côté relationnel est vraiment plus développé que dans le film, qui lui a vraiment mis l’accent sur l’action. Je n’avais par exemple pas souvenir de la fragilité de la mère de Katniss, une question pourtant centrale dans le livre, puisqu’elle guidera toutes les actions de notre héroïne. Katniss s’engage en effet avec rage et avec une peur de ne pas rentrer, ce qui va lui donner toute sa force et tous son courage dans les Hunger games.

Katniss for ever

J’ai adoré le personnage de Katniss, tant au cinéma que dans le roman. C’est tout ce que j’aime dans les personnages romanesques féminins : un héroïne avec beaucoup de caractère, pugnace, qui ne s’est jamais laissée abattre et qui se bat pour sauver sa famille et sa peau. C’est également un personnage très humain, pleine de bienveillance, soucieux des autres, malgré qu’elle doive lutter pour sa survie et ne pas hésiter à franchir le cap de donner la mort. Elle a cependant cette once d’humanité que j’ai aimé retrouver dans l’univers monstrueux et égoïste des jeux de la mort.

Katniss est pour moi l’exemple même d’une fille qui sait survivre et s’adapter à une situation difficile tout en restant humaine. Elle est également très imprégnée politiquement puisqu’elle vit déjà en dehors des cadres de sa société et de son district en braconnant, vendant sur le marché noir… Elle sait également qu’il y a un monde au delà des barrières, un monde certes effrayant et dangereux, mais qu’elle fréquente à travers ses parties de chasse.

J’ai vraiment beaucoup apprécié la relation entre Katniss et Peta, qui est pour moi la relation amoureuse/amicale parfaite pour ce type de roman car, il ne faut pas l’oublier, Hunger games est initialement un roman pour adolescents et on aime bien retrouver une petite relation amoureuse qui pimente le récit, somme toute assez trash et morbide. Cette relation est décrite avec un très bon dosage, un très bon équilibre, ce qui la rend touchante et apporte au récit, sans le rendre gniagnian; vous savez comme je déteste ça… J’ai maintenant hâte de découvrir le tome 2, dans le cadre de mon challenge Mars au féminin.

Le roman en bref

Hunger games tome 1 est vraiment une pépite qui restera un de mes coups de cœur de cette année, puisqu’il a un très bon équilibre entre l’intrigue générale, la question politique et les relations entre les personnages. Katniss est un personnage féminin exceptionnel, c’est quelqu’un de courageux, de brillant et de profondément humain que j’ai littéralement adoré ! Bref, si vous n’avez pas encore découvert ce roman, je vous conseille de sauter dessus car c’est vraiment un bijou, tout en justesse et en finesse !

Hunger games, tome 1
Suzanne Collins
PKJ, 2009

Ma note : ★★★★★

Les dystopies vous intéressent ? Vous aimerez également Entre chien et Loup de Malorie Blackman.
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Challenge Mars au féminin 2019

Challenge mars au feminin

Comme vous le savez peut-être déjà, une de mes résolutions livresques de cette année est de participer à des challenges littéraires. Alors quand j’ai vu que @Les instants volés à la vie lançait son challenge « Mars au féminin », je n’ai pas hésité ! D’autant plus qu’il traite d’une thématique que j’ai envie de creuser depuis très longtemps. Il met en effet à l’honneur les femmes et le féminisme à travers quatre rubriques. Voici donc, sans plus tarder, ma PAL pour se challenge :

1.Une oeuvre dont le thème est le féminisme

XY, l’identité masculine
Élisabeth Badinter
Lgf, 1994

Qu’est-ce que la virilité, la masculinité et la féminité au 21ème siècle ? Dans cet essai fondateur, Elisabeth Badinter nous dresse le portrait de l’homme moderne et de l’harmonisation des sexes.

2. Une oeuvre mettant en scène un personnage féminin fort

Ces femmes-là
Gérard Mordillat
Albin Michel, 2019

En 2024, la France est entrain de basculer dans un régime totalitaire : les forces paramilitaires sont omniprésentes, les médias sont censurés, la surveillance est de mise… Pourtant, une bande de révolutionnaires composées de femmes de tous genres refuse de baisser les bras !

3. Un oeuvre mettant en scène une héroïne emblématique

Hunger games : L’embrasement (tome 2)
Suzanne Collins
Pocket jeunesse, 2010

Katniss et Peeta ont survécu au Hunger games et doivent maintenant partir pour la tournée des vainqueurs. Cependant, après sa victoire Katniss est devenue un symbole de rébellion et le peuple gronde… Le président Snow lui demande de faire en sorte que tout rentre dans l’ordre, sinon, c’est sa famille qui en payera les conséquences…

4. Une oeuvre mettant en scène la vie d’une ou de plusieurs femmes qui ont marqué l’histoire

Romy au fil de la vie
David Lelait
Payot, 2003

Cette biographie invite à découvrir ou redécouvrir la vie de cette actrice mythique qui a marqué sa génération.


Et vous, allez-vous participer à ce challenge ? Si oui, quels titres composent votre PAL ?