Divorce, dépression et émotions fortes : Le parfum du bonheur est plus fort sous la pluie – Virginie Grimaldi
Un divorce comme ultime sentence
Lorsque Ben s’est séparé de Pauline, ce fut la catastrophe. Lui avec qui elle a partagé tant, qui lui a donné tant d’amour, l’homme avec lequel elle a eu un si bel enfant, a décidé de divorcer. Pour Pauline, cette situation est insupportable. Elle tombe dans une profonde dépression. Elle n’arrive pas à tourner la page. Elle repart vivre chez ses parents et va tenter par tous les moyens de reconquérir Ben. Dans cette tentative, elle va revenir sur son passé et les moments de bonheur qu’ils ont partagés à travers des lettres. Ces lettres vont faire resurgir des éléments de son passé qu’elle aurait préféré occulter à jamais…
Un concentré d’émotion, une bombe sentimentale
C’est mon ami une pause cinéphile qui m’a prêté ce roman en disant qu’il l’avait beaucoup apprécié. J’ai donc décidé de me plonger dans ce récit qui s’annoncé être un drame, le genre que j’affectionne. Je découvrais par ailleurs Virgine Grimaldi dont j’avais entendu beaucoup de bien.
Ce roman nous parle de dépression. Notre héroïne traverse une phase très sombre de sa vie où elle n’arrive plus à voir le positif. Petit à petit, tout vole en éclat : elle ne sort plus, elle ne voit plus ses amis, elle s’enferme dans une bulle de négativité dans laquelle elle pense se réfugier, mais qui est en fait plus une cage, une prison. Elle s’entoure uniquement de l’amour de son petit garçon. Elle ne vit plus que pour lui, ne dort plus que pour lui, ne rit plus que pour lui… Ce qui est extrèmement étoufant pour le petit garçon, qui a déjà du mal à accepter le divorce de ses parents.
Notre héroïne est à fleur de peau. En plus de subir un divorce, elle est retournée vivre chez ses parents, desquels elle n’a jamais été très proche. Malgré les efforts de sa mère, elle n’arrive pas à améliorer ses relations et se sent attaqué par la moindre critique. C’est l’une des caractéristique de l’état dépressif.
La dépression sous toutes ses facettes
Ce roman nous montre toutes les facettes de l’état dépressif : la grande sensibilité de Pauline s’accompagne également d’une irritabilité. Alors qu’elle était très patiente dans son travail malgré les candidats assez spéciaux qu’elle rencontrait (elle travaille dans une agende d’intérim), elle arrivait toujours à mettre ses sentiments de côté. Or, étant si fatiguée psychologiquement, elle n’arrive plus à faire face à cette précarité sociale.
Il illustre également la grande fatigue physique, avec une envie de ne plus rien faire, de ne plus voir personne. Pauline a envie de rester dans son coton, de se laisser porter par son malheur. Elle ne supporte pas voir le bonheur de ses amis. Quelque part, elle souffre de ne pas réussir à sortir de cet état et elle jalouse les personnes qui l’entourent et sont heureuses.
J’ai trouvé que le personnage de Pauline était très juste, bien développé, on est vraiment plongé dans ses sentiments, ses ressentis, son état dépressif, son malheur, son besoin de parentalité. L’auteur nous amène à découvrir cette histoire à travers un vocabulaire très simple mais très juste et sensible, comme si la dépression de notre héroïne nous rentrait par tous les pores de la peau.
La famille entre construction et déconstruction
Ce roman nous parle aussi de la famille, de sa composition à sa décomposition. A travers ses lettres, Pauline va revenir sur sa rencontre avec Ben, le moment ou elle est tombée amoureuse et où ils ont décidé d’acheter un appartement commun et de faire un enfant.
Il nous parle aussi de la famille d’où nous venons, que nous n’avons pas forcément choisi, qui a ses béquilles, ses déséquilibres. Notre héroïne est marquée par la vie, elle n’a pas vécue dans une famille facile, entre la disparition de sa mère pendant un an et l’alcoolisme de son père. Elle n’a pas des très bonnes relations avec ses parents, ni d’ailleurs avec ses frères et sœurs. Pauline a des amis fantastiques, sur lesquels elle peut compter et qui, malgré qu’elle ai décidé de les rejeter, continuent de l’appeler et lui pardonnent son absence.
Une héroïne rongée par la vie
Pauline a vécue beaucoup de traumatismes. Très jeune, elle a du prendre sur elle, avancer, protéger et soutenir sa famille. En rencontrant Ben elle a pris du recul, laissant dernière elle sa famille pour trouver le bonheur. Malheureusement, tous ses traumatismes et d’autres événements de la vie ont fait resurgir sa fragilité, déferlant comme une vague qu’elle n’a pas su contrôler. Sa carapace, qu’elle avait construite durant sa jeunesse, plutôt que de la protéger, l’a coupée du monde et l’a empêchée de communiquer avec les personnes qui l’entourent. Pauline est très courageuse. Elle est décrite comme extrêmement gentille et bienveillante. C’est également une bonne mère, très attentive, probablement trop.
Malgré que la thématique du divorce soit en exergue, le personnage de Ben n’est pas montré comme négatif. Il est décrit comme quelque de bienveillant, d’attentif, qui prend soin de son enfant. Ce personnage participe également à la justesse du roman, qui fait la part des choses entre la fin d’une relation et le caractère des personnages.
Le roman en bref
Le parfum du bonheur est plus fort sous la pluie est un roman percutant, hypersensible qui nous fait passer de la plus grande joie à la plus grande tristesse. A travers son personnage écorché vif, une mère perdue qui se raccroche uniquement à l’amour de son fils, l’auteur nous livre des sentiments profonds et sincères. Un coup de cœur que je vous conseille de découvrir très vite.
Le parfum du bonheur est plus fort sous la pluie
Virginie Grimaldi
Fayard, 2017
Ma note : ★★★★★
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